Les 3 Secrets d’un Esprit Critique Incorruptible

Un guide vers ton indépendance intellectuelle.

Yann Costa
13 min readOct 27, 2020

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Il y a des milliers d’années, des êtres humains quasiment exempts de technologie définissaient déjà les astres. Simplement en observant le ciel et sans aucun instrument optique, la civilisation maya réussit à décrire avec précision les phases et les éclipses de la planète Vénus. A l’apogée de la Renaissance, certains comprenaient même la configuration de notre système solaire.

Nous avons tendance à admirer les esprits brillants tels que celui du célèbre physicien Albert Einstein, ou encore du grand philosophe Emmanuel Kant. A raison : le premier découvrit l’existence de trous noirs bien avant que quiconque ne puisse les observer. Tandis que le second identifia les lois fondamentales de la morale sans jamais quitter sa petite ville natale, en Prusse-Orientale.

En étudiant la radioactivité, Marie Curie ainsi que son époux firent des découvertes qui révolutionnèrent à jamais la médecine moderne. Ses recherches, qui valurent deux prix Nobel à la célèbre chercheuse, furent majoritairement menées dans un laboratoire artisanal, entre une sorte d’étable et un hangar à patates. Totalement dépourvu de protections.

Le plus curieux, c’est qu’une grande partie de ces prouesses furent réalisées en dehors de leurs professions respectives. Albert Einstein développait les bases de la théorie de la relativité après ses heures de travail à l’Office de brevets suisse. Nicolas Copernic, qui contribua largement à la théorie de l’héliocentrisme, était médecin de métier. Quant à Benjamin Franklin, père-fondateur des États-Unis, il participa activement au progrès de la science dans le domaine de l’électricité. Ceci, en parallèle de ses activités d’imprimeur.

Nous élevons communément ces personnages au rang de génies, d’icônes de la connaissance. Mais nous oublions souvent d’ajouter un ingrédient essentiel à leur sauce secrète : il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire. Leur intelligence n’était pas sans cesse plongée dans un flux constant de divertissement à portée de main. Contrairement à nous, leur attention n’était pas en permanence dérobée par d’ingénieux algorithmes, soucieux de les divertir à chaque seconde de la journée.

Les activités les plus banales, telles que la lecture ou l’expérimentation, suffisaient amplement à stimuler leur curiosité intellectuelle. Chacun de ces personnages possédait sans aucun doute des capacités cognitives hors du commun. Mais par-dessus tout, ils prenaient le temps de penser.

Le summum de l’excitation dans la vie d’un philosophie prussien au 18ème siècle.

Trop occupés pour penser ?

“L’imagination est plus importante que la connaissance. Car la connaissance est limitée, tandis que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, et donne naissance à l’évolution.” — Albert Einstein, Physicien allemand

A quand remonte la dernière fois où tu t’es ennuyé-e ? Difficile de t’en souvenir, n’est-ce pas ?

Savoir s’ennuyer est une compétence que nous avons progressivement abandonnée. A la seconde où la réalité n’est plus suffisamment stimulante, tu dégaines immédiatement un appareil numérique. Tu cliques machinalement sur une de ces petites icônes luisantes, et c’est parti pour une infinité de contenu extrêmement divertissant.

Ca fait du bien. Le temps passe vite, et tu n’as plus besoin de faire face à l’effroyable sensation de vide que l’ennui te procure. Pour cette raison, l’esprit critique est devenu une denrée excessivement rare. Les penseurs originaux sont une espèce en voie d’extinction.

L’ennui est nécessaire à l’émergence de la créativité. Si tu ne le laisses jamais prendre le large, ton esprit critique coulera perpétuellement dans les profondeurs de l’ignorance.

En répétant ce geste à longueur de journées depuis plus de dix ans, tu as habitué ton cerveau à des niveaux de stimulation anormalement élevés. Comme une drogue, il lui faut toujours plus de stimulus pour être satisfait.

Dans de telles circonstances, comment peux-tu exiger à ce même cerveau de se concentrer sur des activités peu stimulantes, nécessaires à la réflexion critique ? C’est comme si je te disais que j’allais au casino tous les jours, dans le but d’améliorer mon jeu d’échecs. Tu reconnaîtrais que mon comportement est parfaitement incompatible avec mes objectifs, non ? Et bien, tu aurais tout à fait raison de le penser.

C’est pourquoi l’internet est devenu un dealer global d’idéologies. A l’image de notre mode de consommation qui favorise toujours plus de confort et de facilité : il est bien plus commode d’adhérer à une idéologie, de s’abonner aux comptes qui défendent celle-ci, et de répéter les raisonnements qui nous sont servis sur un plateau.

Les membres d’une même communauté deviennent par conséquent terriblement prévisibles. Ils défendent les mêmes idées avec les mêmes arguments. Ils s’expriment avec le même langage, au profit d’un cercle très restreint de leaders d’opinion.

Si ton but est de défendre des intérêts et non pas la recherche de la vérité, il est bien plus efficient d’adhérer à une idéologie que de penser pour toi-même. Si par contre, tu es intéressé-e par le processus de réflexion critique, cet article te donnera quelques pistes pour apprendre à mieux raisonner.

Mais avant de t’engager dans la quête du bon sens, il est nécessaire d’accepter la chose suivante : une pensée originale demande énormément de temps et d’effort conscient. La première étape consiste donc à habituer ton cerveau à se contenter de faibles niveaux de stimulation. En somme, il faut dans un premier temps réapprendre à t’ennuyer.

Comment évaluer un argument

1) Garde toujours un esprit ouvert

Il peut arriver que ton système de croyances soit heurté, voire excédé par les arguments de ton interlocuteur. D’autant plus si le sujet en question est associé à une charge émotionnelle lourde. Ceci peut se produire lorsque tu es en désaccord avec l’opinion présentée, ou que l’attitude de l’autre personne te déplaît.

De plus, ce n’est pas parce que ton interlocuteur explique une idée qu’il/elle la justifie pour autant. Par exemple, ce n’est pas parce que quelqu’un explique les origines de l’écart salarial entre hommes et femmes, qu’il cautionne forcément la légitimité de ce dernier. Simplement, il est nécessaire d’analyser le concept en profondeur afin d’en dégager une perception fidèle à la réalité.

“Partez du principe que votre interlocuteur sait quelque chose que vous ignorez.” — Jordan Peterson, Psychologue canadien

Il est important de t’abstenir de tout jugement avant de n’avoir entièrement compris les idées de ton interlocuteur et considéré ses arguments à juste valeur. Assure-toi de ne pas partir avec l’intention de donner tort (ou raison) à ses conclusions. Au contraire, sois ouvert-e à la possibilité qu’il pourrait te donner de bonnes raisons d’apprendre quelque chose de nouveau, voire de changer d’avis.

Une fois que tu as décidé d’approuver (ou de désapprouver) l’argumentation de ton interlocuteur, demande-toi quelles sont les raisons qui appuient ton jugement. Si elles ne sont pas parfaitement claires, ton évaluation est sûrement douteuse. Reconsidère-la jusqu’à ce qu’elle devienne robuste.

2) Sois attentif, mais critique

La pensée est une activité intense. Contrairement à l’absorption d’une doctrine, elle ne peut pas être accomplie passivement. Construire un raisonnement solide et original demande une dose importante de concentration et de persévérance. Alors que tu mets ton cerveau en pilote automatique pour écouter une histoire, regarder un film ou te détendre, il est nécessaire de reprendre le volant lorsque tu aspires à penser.

“Ne vous croyez pas vous-même, ni personne d’autre. Utilisez la force du doute pour remettre en question tout ce que vous entendez […] Écoutez l’intention qui sous-tend les mots et vous comprendrez le véritable message.” — Don Miguel Ruiz, Auteur mexicain

Tel un-e alpiniste dans son ascension, tu devras tester un grand nombre de prises. Certaines seront dangereusement instables. D’autres te permettront de continuer à gravir la montagne de la connaissance. Parfois, la surface deviendra glissante ; il sera nécessaire de rester flexible pour changer rapidement de position.

D’autres grimpeurs auront souvent parcouru cet itinéraire avant toi. Avec un peu de chance, ils auront laissé des traces derrière eux. C’est la culture : explore-la et n’hésite pas à t’en servir. Elle te fera gagner beaucoup de temps. Mais rappelle-toi de toujours questionner les chemins empruntés par tes prédécesseurs, sans quoi tu te perdras dans les torrents idéologiques.

Il peut arriver que tu te sentes épuisé-e, voire coincé-e. Tu auras le sentiment d’être arrivé-e à un point de non-retour. Il te faudra tantôt prendre du recul, te reposer. Mais une chose est sûre : il n’y a qu’en mettant du tien que tu peux espérer un jour atteindre le sommet, prise après prise, argument après argument. Suspends-toi trop longtemps à ton harnais, et tu risques de geler sur place. Pire encore : de dégringoler le flanc jusqu’au plateau.

La première étape de l’escalade intellectuelle consiste à identifier la structure de l’argument considéré. C’est là qu’intervient la notion de syllogisme, schéma argumentatif constitué de plusieurs prémisses et d’une conclusion. En voici un exemple simple, imaginé par Eugène Ionescu :

  • Prémisse majeure : “Tous les chats sont mortels.
  • Prémisse mineure : “Or, Socrate est mortel.
  • Conclusion : “Donc, Socrate est un chat.

La grande majorité de nos raisonnements déductifs suivent le modèle ci-dessus, introduit il y a 2'400 ans par le philosophe grec Aristote. Bien évidemment, tu auras remarqué que le syllogisme ci-dessus est fallacieux. L’on ne peut rien conclure de ces deux prémisses.

En identifiant ce paralogisme, tu viens de pratiquer la philosophie. Certes à un niveau élémentaire, mais cet exemple permet d’illustrer l’exercice que tu effectues chaque fois que tu sollicites ton esprit critique. Penser revient à reproduire cet exercice à des niveaux de complexité supérieurs. Souvent, chaque prémisse sera elle-même le fruit d’un autre syllogisme, et ainsi de suite. Ton rôle est par conséquent de :

  1. Identifier toutes les prémisses
  2. Questionner la validité de chaque prémisse
  3. Identifier la conclusion
  4. Vérifier si la conclusion découle correctement des prémisses

A noter qu’il peut être très utile d’identifier la conclusion dans un premier temps. Cela te permettra ensuite de gagner du temps dans l’évaluation des prémisses. Au cours de ton analyse, il te faudra :

  • Interroger les termes et leurs définitions
  • Reconnaître les éventuels présupposés et jugements de valeur
  • Évaluer la crédibilité des sources
  • Questionner la validité des analogies utilisées
  • Chercher d’éventuels contre-exemples
  • Contrôler s’il existe de potentiels arguments omis
  • Confronter l’argument à d’autres conclusions existantes

Dans l’absolu, tu cherches à comprendre ce que ton interlocuteur veut prouver, et à évaluer dans quelle mesure il/elle a réussi à le prouver. Tu peux voir ça comme résoudre un Rubik’s Cube, juste après avoir laissé ton neveu de trois ans et demi jouer avec pendant un quart d’heure. Cette tâche exige un effort mental considérable, mais elle est le seul moyen d’aboutir à un raisonnement que tu comprends réellement.

Sérieux, qui a déjà réussi à résoudre ce truc ?

3) Identifie les raisonnements fallacieux

Il existe des situations dans lesquelles nous avons tendance à tricher pour arriver à nos fins. Au lieu d’essayer de résoudre le Rubik’s Cube, on utilise un feutre pour repeindre ses faces en espérant que personne ne le remarque. Vu d’extérieur, le cube paraît parfaitement harmonieux. Mais une fois que tu grattes un peu les faces… tu commences à en voir de toutes les couleurs.

En logique, ce feutre magique est connu sous le nom de sophismes. Ce sont des erreurs de raisonnement qui te donnent l’impression d’aboutir à un argument qui tient debout. Alors qu’en réalité, il est prodigieusement bancal.

Souvent, tes interlocuteurs feront appel aux sophismes pour tenter de te persuader. D’autres fois, tu en seras toi-même l’auteur. Parfois, ils seront utilisés de manière consciente. La plupart du temps, ils seront de l’ordre d’erreurs inconscientes. Mais une chose est sûre : plus vite tu les identifieras dans tes arguments et dans ceux des autres, mieux tu penseras.

Voici une courte sélection des sophismes les plus courants :

  • L’attaque personnelle consiste à décrédibiliser ton interlocuteur en critiquant sa personne plutôt que ses arguments. Il n’y a qu’à regarder un débat présidentiel américain pour réaliser à quel point ce sophisme est devenu l’un des plus courants dans la sphère politique actuelle. Elle se présente sous différentes formes. Mais une fois que tu commences à parler de la stupidité de la personne ou du type de voiture qu’elle conduit, tu es en plein dedans.
  • La caricature amplifie la position de ton adversaire afin de la rendre plus vulnérable. C’est ton grand-oncle qui s’oppose à une politique sociale parce que “le communisme a fait des centaines de millions de morts en ex-URSS”.
  • La pente fatale est un raisonnement qui associe un événement relativement trivial à un certain résultat catastrophique, tout en faisant fi de toutes les étapes intermédiaires. Par exemple : “si l’on ne ralentit pas l’immigration, les étrangers vont prendre nos emplois, nos jeunes seront au chômage, ils se mettront à consommer de l’alcool, deviendront des criminels, et ce sera le début de l’anarchie. Donc, l’immigration résulte forcément en une guerre civile”. Euh… attends une seconde.
  • La pétition de principe est l’un de mes préférés car il est souvent très subtil. Plus connu sous le nom d’argument circulaire, ce sophisme consiste à prouver une affirmation en partant du principe que l’affirmation que l’on cherche à prouver est déjà vraie. C’est le père en colère qui affirme : “le droit de vote devrait être baissé à 16 ans car mon fils est déjà suffisamment mature pour voter”. Autrement dit : “mon fils est assez mature pour voter car mon fils est assez mature pour voter”. Crois-moi, si tu es un peu attentif-ve à celui-ci, tu commenceras à l’entendre partout.
  • Une corrélation n’implique pas forcément un lien de causalité. En d’autres termes : ce n’est pas parce que deux événements se produisent simultanément, qu’ils sont nécessairement liés. J’ai décidé de terminer par celui-ci car il est omniprésent dans les médias de nos jours. Le pire, c’est qu’ils nous le font passer pour des études crédibles. Alors que la plupart du temps, ces dernières ne considèrent qu’une seule variable, faisant abstraction de tous les autres facteurs en jeu.

Au pic de la pandémie de COVID-19, de nombreux médias relayèrent une étude montrant que les fumeurs étaient moins susceptibles d’attraper le virus. En effet, les chercheurs observèrent qu’un nombre plus faible de fumeurs exposés au virus finissaient par tomber malades, en comparaison aux non-fumeurs.

On entendit ensuite toutes sortes d’absurdités telles que “il faut fumer car la nicotine protège contre le nouveau coronavirus”. La seule chose qu’on oublia de préciser, c’est que tout ceci n’était probablement qu’une pure coïncidence. Peut-être que c’était le fruit du hasard ou que d’autres facteurs non considérés dans l’étude avaient une influence significative sur le résultat. Ou peut-être qu’effectivement, les fumeurs ont bel et bien moins de chances d’attraper le virus. Dans tous les cas, ne te laisse pas persuader par ce genre de conclusions hâtives avant d’avoir de solides raisons de croire en une relation de cause à effet.

“Je ne prétends pas être Batman. Je dis juste qu’on n’a jamais vu Batman et moi ensemble dans la même pièce.” — Probablement pas Bruce Wayne

Afin d’illustrer l’absurdité de certains journaux scientifiques, deux chercheurs suisses réussirent à publier dans l’Asian Journal of Medicine and Health, un article démontrant que la prise préventive d’hydroxychloroquines est efficace dans la réduction des accidents de trottinettes électriques. Ceci s’expliquait par le fait que dans la région de Marseille, dotée d’une forte distribution d’hydroxychloroquines, l’on observait proportionnellement moins d’accidents de trottinettes qu’à Paris, où le fameux médicament était largement moins distribué. Certes il s’agissait d’une farce et la revue en question n’est pas d’une grande renommée. Néanmoins, elle ne dénonce pas moins brillamment le problème sous-jacent.

Il existe un nombre important de sophismes. Cependant, la palette proposée dans la vidéo suivante couvrira la majorité d’entre eux. Elle te sera d’une grande utilité pour t’éviter d’être séduit-e par ces pièges.

Les dix plus beaux sophismes expliqués (vidéo en deux parties).

On sera toujours une bande de cons

Prendre soudainement conscience des concepts abordés dans cet article peut te procurer un sentiment de puissance passager. Lorsqu’on étudie un peu de philosophie, on a tendance à ressentir que ça y est, on a tout compris. Le monde n’a plus aucun secret pour nous.

C’est faux.

Paradoxalement, plus tu pratiqueras ces méthodes, plus tu exploreras ta pensée, et plus tu réaliseras à quel point le monde est complexe. Étrangement, plus tu apprendras, moins tu auras l’impression de savoir. Ce phénomène fut modélisé en 1999 par deux psychologues, David Dunning et Justin Kruger. Selon l’effet Dunning-Kruger, les gens les moins qualifiés dans un domaine surestiment leur compétence du fait qu’ils n’ont pas conscience de sa complexité. Alors que les personnes qualifiées, elles, sous-estiment leur compétence.

“Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien.” — Socrate, Philosophe grec

N’importe quel enfant de 5 ans est capable de dessiner un avion. La petite Charlotte tire quelques traits sur une feuille de papier et est persuadée d’avoir adéquatement représenté le Boeing 747 dans lequel elle est partie en vacances l’été dernier. Et elle n’a pas complètement tort : en regardant son dessin, tu aperçois bel et bien un avion. Puis tu te dis que, s’il fallait s’inspirer de ce dessin pour faire voler 600 passagers, ils n’iraient sûrement pas bien loin.

Mais à travers les années, la petite Charlotte apprend le fonctionnement d’un avion. Elle se met à étudier le couplage inertiel, ainsi que le principe d’aérodynamisme. Elle se spécialise en ingénierie et plus elle avance, plus sa représentation devient caractéristique. Le mécanisme des roues devient fluide, les proportions des ailes toujours plus précises.

Charlotte a maintenant 25 ans et est diplômée en aéronautique. Pour la première fois, elle est chargée de concevoir un nouveau modèle chez son entreprise de rêve : Boeing. Au final, l’avion qui lui reste à dessiner est exactement le même que lorsqu’elle avait 5 ans. Mais à travers les années et l’accumulation de ses efforts mentaux, son modèle s’est infiniment rapproché de la réalité. Même s’il ne sera jamais équivalent au véritable avion, la connaissance de Charlotte lui permet maintenant de prendre de bien meilleures décisions, et aux passagers d’arriver à destination en toute sécurité.

Cette métaphore peut être appliquée à n’importe quel domaine. En fin de compte, penser est le processus qui te permet de construire un modèle de connaissance qui se rapproche le plus possible de la réalité.

Je sais pas toi mais perso, mon avion ressemble toujours à un cornichon en apesanteur.

Cependant, pour différentes raisons, nos objectifs personnels divergent parfois du bon sens. Certains biais cognitifs nous poussent à mobiliser des arguments pour défendre nos intérêts personnels, et non pas la vérité. Voire à nous mentir à nous-mêmes.

Malgré tout, cet enseignement te permettra dorénavant d’approcher de nombreuses questions avec une attitude légèrement moins ignorante. Mais par dessus tout, maintenant que tu es conscient-e de tes propres limites, tu as l’occasion d’être un peu plus empathique lorsque tu rencontres quelqu’un qui n’est pas de ton avis.

Saisis cette opportunité.

N’ai pas peur de te tromper. Au contraire, trompe-toi souvent. Change vite d’avis. Lis davantage. Nourris ta curiosité avant qu’elle ne meure de faim. Préfère systématiquement l’humilité à l’arrogance, car la réflexion critique se fait aussi à voix haute. Libère-toi de la peur du jugement et n’ai jamais honte d’avoir tort.

Promets-toi d’être aussi coriace quand tu as de bonnes raisons de l’être, que flexible lorsque ton raisonnement ne tient plus la route.

Ainsi, tu pourras un jour dessiner ton propre avion.

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Yann Costa

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